« À Ciel Ouvert » : La classe au grand air

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C’est au sein du collège de Bissy, que la classe de 6e2e a vécu la classe dehors. « À Ciel Ouvert » est un projet d’expérimentation ayant pour but de renouer le contact entre les jeunes et la nature. Aujourd’hui les cours d’écoles, collèges ou lycées sont souvent bétonnées et laissent peu de place à des espaces de natures. Selon une étude nationale nutrition santé, 40 % des enfants ne jouent jamais en plein air pendant les jours d’école.* Ce manque a des impacts sur la santé physique et mental, des enfants.

En France, c’est le FRENE (réseau français d’éducation à la nature et à l’environnement) qui a pris ce sujet en mains à travers la coordination de la dynamique « Sortir ! ». Il rédige une synthèse s’appuyant sur des études, des enquêtes et des expériences réalisées en France et plus largement en Europe, où les études pointent également vers les problèmes que pose l’éloignement de la nature.

Chez Mountain Riders, nous travaillons sur la place du dehors dans l’éducation depuis plusieurs années. Dans le cadre du programme « Montagnez-nous », nous accompagnons par exemple plus de 100 jeunes chaque été en séjours d’itinérance en montagne, avec nuit en bivouac, où le dehors a toute sa place.

Mais avant de partir en montagne quelques jours, ce sont les établissements scolaires qui ont un rôle important à jouer. Collaborer avec le collège de Bissy, grâce à une expérimentation soutenu par le Conseil Départemental de la Savoie, nous a donc permis d’observer l’évolution du bien-être des jeunes sur une année complète. Toutes les trois semaines, la classe a été réalisée en extérieur, au cours de celle-ci les jeunes ont participé à des ateliers en lien avec la nature et le programme scolaire

Les séances étaient structurées en plusieurs temps : des moments animés par les enseignantes de Français ou de SVT (avec l’appui de Mountain Riders), des périodes de jeu libre et auto-dirigé, ainsi qu’un temps de bilan permettant à l’élève de retranscrire une idée qu’il avait apprise sur lui-même, sur un camarade ou sur l’environnement.

« À ciel ouvert » a permis aux jeunes de poursuivre les apprentissages scolaires tout en s’appuyant sur l’environnement proche et en participant à de nouvelles activités comme regarder les oiseaux avec les jumelles, caresser la coquille d’un escargot et les identifier, reconnaître une fleur de trèfle… Ainsi, le dehors se transforme, il n’est plus seulement un terrain, mais c’est aussi un espace à s’approprier, à explorer, chacun à sa manière.

L’expérimentation s’est basée sur 3 axes fondamentaux de l’éducation :

  • le vivre ensemble et la coopération
  • l’autonomie de l’élève
  • le bien-être physique et mental

Retirer le cadre habituel et familier de la classe a été aussi un moyen d’inviter les jeunes à se mélanger au sein des groupes d’affinités. Mais aussi l’occasion, pour les élèves de développer leur indépendance et de s’accorder du temps seul lors des jeux « libres ».

Au fil des ateliers, la pédagogie évolue, les manières d’enseigner aussi. Progressivement, les collégiens, prennent l’initiative d’animer certaines sessions, anticipent la météo en faisant un choix de vêtements adaptés aux conditions extérieurs . Ils deviennent ainsi plus autonomes et acteurs de leur apprentissage. Pour les enseignants, c’est aussi une manière de lâcher prise, et de laisser place à une plus grande créativité pédagogique.

A la fin de l’année, nous évoquons avec les jeunes ce que les classes « À ciel ouvert » leur ont apporté. D’ores et déjà, de nombreuses émotions positives ont émergé, ainsi qu’une forte envie de poursuivre le projet l’année suivante. Ce sont surtout les visages joyeux et les rires lors des séances qui révèlent les bienfaits du projet. « Parce que des fois, on a besoin de souffler (prendre l’air) et c’est cool de travailler proche de l’environnement », « car c’est bon pour la nature et pour le corps »

(Citations des élèves de la 6e2)

Enfin, les jeunes ont noté que le fait de suivre des cours en plein air a amélioré leur concentration et renforcé leur motivation à apprendre. Être pleinement dehors, c’est permettre d’avoir une meilleure conscience de soi, de ses émotions et de son environnement.

Le travail n’est pas fini. Les mois qui viennent vont nous permettre de finaliser l’évaluation de cette expérimentation, et de commencer à formaliser les méthodes, outils, postures utilisées. Afin de poursuivre le projet dès la rentrée prochaine.

Merci au collège de Bissy pour leur accueil ainsi qu’aux élèves et aux enseignantes pour leur curiosité et implication tout au long de l’année. Ce projet a également été réalisable grâce au département de la Savoie, qui finance cette expérimentation. Enfin, nous avons été accompagnés par le Conseil Départemental de la Savoie et Julianne Baiutti, étudiante en M2 de sociologie, qui a suivi de près le projet et nous a aidés dans la mise en place des critères et indicateurs.

*chiffre sur le temps passé dehors : 40 % des enfants ne jouent jamais en plein air pendant les jours d’école (La pratique de jeux en plein air chez les enfants de 3 à 10 ans. Étude nationale nutrition santé. 2015)